Version Française English Version

 




Le nom complet du Hakkenden est Nansô Satomi Hakkenden. Il est composé de :
Nansô : autre nom pour la province de Awa, situé au Sud-est du Japon, où se déroule l'action
Satomi : nom de famille du clan visé par le sort de cette histoire
Hachi : 8 (en abrégé, Ha')
Ken : chien
Den : légende
Hakkenden, la légende des 8 samouraïs

Qu'est ce que le Hakkenden ? Pour beaucoup, ce mot japonais ne dit absolument rien. Et pourtant il cache un célèbre conte japonais datant du XIXème siècle, incarnant de nombreuses valeurs des arts martiaux nippons. Alors que " la légende des 47 rônins " (Shiju-shishi-gishi), plus célèbre en Occident que le Hakkenden, se déroule au tout début du XVIII ème siècle, le " Nansô Satomi Hakkenden " (Légende des 8 chiens de Satomi du Nansô) débute plus tôt, au milieu du XVème siècle, pendant l'ère Muromachi. Il fût écrit en 1814 par Takizawa Bakin (1767-1848), le premier écrivain professionnel du Japon, et l'histoire tenait en 106 volumes ! Aujourd'hui la version japonaise est éditée en 10 volumes (plus de 180 chapitres) et il n'existe pas de traduction de l'oeuvre complète, ni en français, ni en anglais.

Le contexte

" En 1441, Satomi Yoshizane fuyant la bataille de Yuuki arrive dans la province de Awa. A cette époque Awa était contrôlée par 3 personnages. Yamashita Sadakane, le conseiller d'un de ces trois dirigeants, avait tué son maître pour s'emparer du Nord de la province. Injuste et peu apprécié, Sadakane usait de sa magnifique concubine, Tamazusa, pour gagner du pouvoir. Quand Yohizane arrive à Awa, il rencontre Kanamari Hachirou Takiyoshi, et avec l'aide de villageois prennent d'assaut le château de Sadakane qui est tué. Tamazusa est faite prisonnière mais tombant sous son charme irrésistible, Satomi Yoshizane décide de ne pas l'exécuter. Cependant Hachirou, conscient de la force et de la menace d'une telle femme s'oppose à cette décision. Tamazusa est enfin décapitée mais malheureusement le mal est déjà fait. La maléfique Tamazusa a eut le temps de jeter un sort au clan Satomi : les petits enfants de Satomi devront errer, leur vie durant, comme des chiens bâtards.

La malédiction

Une génération plus tard, les Satomi sont en guerre. Hachirou a été tué et le clan manque cruellement de provisions. Les Satomi demandent de l'aide à Anzai Kagetsura, qui au lieu de s'allier, profite de l'occasion pour lancer une offensive qui retranche les Satomi dans leur château. Une tentative d'assassinat d'Anzai par le fils de Yoshizane et le fiancé de sa fille, Daisuke, se solde par un échec. Au bord du désespoir et dans une cynique détresse, Yoshizane promet au chien de la famille, Yatsufusa, que s'il ramène la tête de leur assiégeant, il aurait la main de sa fille, Fuse-Hime. Et à la surprise de tous, le chien revient avec la tête de Anzai dans sa gueule. Cette victoire déstabilise le camp adverse et permet au Satomi de repousser l'envahisseur. Par la suite, pour que l'honneur et la parole de son père restent intacts, Fuse-Hime décide, malgré les objections de la famille, de se marier à Yatsufusa. Ils quittent le château pour les montagnes Tomi. Fuse prendra avec elle un chapelet bouddhiste de 108 perles. Pendant une année ils vivent ensemble. C'est au travers de rêves que Fuse-Hime prend conscience du sort jeté sur le clan Satomi, et qu'en fait elle porte la progéniture de Yatsufusa : 8 bâtards voués à déshonorer le clan.

8 perles, 8 guerriers

Daisuke, le premier fiancé de Fuse-Hime, qui n'osait revenir au château suite à son échec face à Anzai, eut vent de la liaison. Il décide de tuer Yatsufusa. Son meurtre réussit mais au prix de la vie de sa fiancée qui, s'interposant, tombe aussi, mortellement blessée. Agonisante, Fuse-Hime explique le sort jeté sur son clan et demande l'aide de Daisuke. A ce moment, le chapelet se met à luire et 8 perles se détachent et s'envolent. Daisuke deviendra le moine Chudai et commencera sa quête pour conjurer le sort porté sur le clan Satomi.

Là commence vraiment l'histoire du Hakkenden. Les 8 perles se réfugient dans les mains de jeunes bébés, tous marqués par une même tâche de naissance. Ces 8 enfants deviendront 8 jeunes guerriers incarnant 8 vertus confucéennes. Tous les huit voués à un destin identique, celui de sauver le clan Satomi et de conjurer le sort porté par l'odieuse Tamazusa, ils encourent multiples péripéties avant de se connaître et de s'unir. "

L'histoire est donc celle de 8 jeunes guerriers qui à aucun moment n'abandonneront leurs espoirs. D'abord inconscients de leur destinée commune, ils apprendront chacun de leur côté le but de leur existence. Puis ensemble, malgré leur personnalités différentes mais grâce à un trait commun de force de caractère, ils pourront, en combattant, atteindre leur but. Aventure, amitié, justice, esprit guerrier, travail en équipe, croire en soi... le Hakkenden ne semble ni désuet ni démodé.

 

Le Hakkenden à toutes les sauces !

La légende des 8 " chiens guerriers ", même si elle est peu connue dans le monde occidental, a fait de nombreux émules chez les créatifs japonais. De nombreux " anime " (dessins animés, on notera une version de Anno Takashi - AIC-Pioneer LDC, Inc. version anglaise) ont couverts le sujet qui se prête bien à ce type de divertissement. Bien sûr le Hakkenden, qui est à la base un livre en 106 volumes a engendré des progénitures littéraires, des traductions traditionnelles au traductions en japonais moderne, en passant par les éditions pour enfants et les manga. Certains ont une véritable passion pour cette histoire, comme Sonobe Souan qui expose sur internet un site de référence bilingue anglo-japonais (http://www.mars.dti.ne.jp/~opaku/). Le Hakkenden fût aussi interprété au théatre japonais (Kabuki) et est à l'origine de shows télévisés (un dessin animé diffusé en 1973 sur la NHK " Shin-Hakkenden ", une série à base de marionnettes type puppet-show vers la même époque...) et au moins un film qui fût distribué en France en 1987 par la société Scherzo. Ce film, " Satomi Hakkenden " ou " La Légende des 8 Samourais " pour le titre français est une véritable adaptation de l'oeuvre originale, centrée sur le dénouement final du conte à savoir la rencontre des 8 guerriers dispersés et de la réalisation de leur mission commune pour conjurer le sort lancé au clan Satomi. Ce film réalisé par Kinji Fukasaku, est, d'un point de vue interprétation, un pur produit du JAC, le Japan Action Club de Sonny Chiba. On y retrouve pour l'anecdote, Hiroyuki Sanada (le Hayato de San Ku Kai) dans le rôle du jeune Shinbei, Kenji Ohba (X-Or) dans le rôle de Genpachi, Etsuko Shiomi (une des plus célèbre actrice japonaise d'action) dans le rôle de Keno, et bien sûr le fameux Sonny Chiba dans le rôle de Daikaku. Le film vaut le coup d'être vu et en attendant qu'un nouveau réalisateur ne prenne le script pour le mettre au goût du jour, n'hésitez pas à acheter la cassette si vous la découvrez au détour d'un magasins d'occasions !

© Guillaume Morel

 
Ce texte est à l'origine de l'article "La Légende de Huit Samourai" paru dans le magazine Karate Bushido, numéro 275, Janvier 2000, pages 120-122.

 

© Guillaume Morel 2000
Les textes et les illustrations (images, photos, logos, dessins...) présents dans cette page sont la propriété de Guillaume Morel. En vertu des lois sur la propriété intellectuelle, toute utilisation de ces textes et/ou illustrations, dans un quelconque format (papier, électronique, ...), en dehors du site internet martial arts researches & strategies de Guillaume Morel et sans l'accord écrit préalable de leur auteur, est interdite. Toute traduction, dans quelque langage que ce soit, sans l'accord écrit préalable de l'auteur, est aussi proscrite. Toute citation doit faire figurer le nom de l'auteur, et ne pas dépasser 10% de l'intégralité du texte original en nombre de mots.
Texts & illustrations (pictures, photos, logos, drawings...) presented in this page are the property of Guillaume Morel. Considering the laws on intellectual property, it is totally forbidden to use any of these texts and/or illustrations, in whatever format (being printed, electronically stored...) out of Guillaume Morel's martial arts researches & strategies website, without the permission of the author. Any translation, in any language, is also prohibited without the written permission of the author. Any quote of the text must be followed by the author's name, and must not exceed 10% of the whole text length.


" width="100%">